Il faisait nuit noire, les nuages étaient bas et noirs, rien ne venait perturber le silence de la nuit, hormis le sombre battement d’ailes que l’on pouvait entendre si l’on était attentif. C’est une masse noire et rouge que l’on voyait se déplacer dans le ciel. Yuri rentrait d’un petit voyage. La jeune démone était partie du pensionnat sans même en avertir « l’Autorité ». Elle avait eu besoin de faire un retour aux sources.3

*Pour un retour aux sources, ça en était un !* ricana pleine de joie Ayatsuri.

Yuri ne peut qu’acquiescer. En arrivant à D-City, elle était un peu allée chez ses parents. Elle avait eu besoin de se ressourcer. Ces temps-ci, elle devenait moins méchante, elle n’était pas gentille certes, mais elle faisait moins de choses qui nuisaient aux autres. Or, pour une démone, c’était un peu le comble.

*En soi, ce n’est pas plus mal, notre départ est peut-être passé inaperçu.* dit Suba-chan.

Peut-être bien… Dans tous les cas, ce voyage lui avait fait du bien, elle était redevenue Yuri Subara Yumuzai, terreur de ces gens. Elle avait en effet mis à sac le village voisin à D-City, et pour cause, un homme lui avait mis la main aux fesses sans sa permission. Chose à ne pas faire si on tient à la vie. Yuri sourit en pensant au cadavre qui était encore accroché à un pieu au milieu du village vide. Elle ne s’était même pas Sali les mains, les villageois avaient fait tout eux-mêmes.

*Je te le dois, Kontororu.* pensa Yuri en prenant le pendentif dans sa main.

Elle le serra contre son cœur avec un sourire sadique et regarda devant elle, scrutant le ciel de ses yeux rouge flamboyant.
Après plusieurs heures de vol, Yuri arriva enfin au Pensionnat. Amorçant sa descente, elle atterrit près du lac dans un léger bruissement de tissu, sa cape noire la couvrant de la tête aux pieds retombant avec légèreté sur le sol.

*Enfin de retour.* dit Yu’ pleine de joie.

*Elle est toujours là celle-là ?* dit Kozo ennuyée.

Bien que ses homologues discutaient dans sa tête, Yuri n’y prêtait guère attention. Son regard vif scrutait les environs, elle avait senti la présence de quelqu’un, et elle pensait savoir de qui il s’agissait. Téléportant Amai dans ses bras, elle sourit tournant le dos par rapport l’endroit où se trouvait la personne. Regardant le ciel, elle dit :

"Je ne m’attendais pas à être accueillie si tard dans la nuit…"

Yuri observait toujours le ciel quand Mickael lui répondit. Elle avait senti que c’était lui, mais elle avait été étonnée de le rencontrer là et à une heure si tardive.

*Les petits garçons doivent se coucher tôt ! * dit Kozo avec conviction.

*Alors, que fais-tu encore là si les petites doivent se coucher tôt ?* rétorqua avec raison Suba-chan.

C’était bien envoyé. Yuri était contente d’avoir Suba-chan à ses côtés pour calmer les ardeurs des autres. Bien que des fois elle n’arrivait pas à se faire entendre. C’était rare, mais ça arrivait.

N’empêche, Mickael… Elle se souvenait d’un petit gamin peu sûr de lui qu’elle trouvait tout mignon, et qui avait des passes démoniaques, et elle savait qu’Ayatsuri avait souvent pris le contrôle de ses actes lorsqu’il était devant elle.

*Mais ça coupait toujours court… Malheureusement…* dit pensivement Ayatsuri.

Et maintenant devant elle, c’était un jeune homme qui semblait sûr de lui qui lui avait répondu avec aplomb et assurance. Elle eut un sourire en l’entendant, plaçant Amai sur son épaule, elle se retourna face à lui. Seul son regard incandescent était visible sous sa cape noire. Ce regard qui la caractérisait si bien.

« Micka Micka, bien sûr que je suis saine et sauve. Que veux-tu que de vulgaires petits démons qui pleurent encore dans les jupes de leur mère me fassent ? »

*Ca c’est sûr, ils ne peuvent rien nous faire ! Il n’y a qu’à se rappeler du village…* dit fièrement Ayatsuri.

Yuri sourit encore plus, son sourire devenant quelque peu sadique en repensant au massacre qu’elle avait orchestré dans ce village grâce à son petit pendule Kontororu et les aptitudes nouvelles qu’elle avait acquises en se rendant 2-3 jours chez les elfes avant de rentrer chez elle.

Otant sa cape, elle répondit à Micka en souriant :

« Pas besoin de me mettre en garde contre toi mon petit chou, tu ne me feras rien. » en lui faisant un clin d’œil et en souriant.

Yuri était de bonne humeur. Cependant, il fallait qu’elle vérifie quelque chose, fermant les yeux face à Mickael avec un sourire, elle activa son pouvoir, en faisant en sorte qu’il ne ressente et ne remarque rien. Ce qu’elle vit ne lui fit qu’à moitié plaisir. Mais elle ne le montra pas sur son visage, elle était douée pour cela, tout Sage devait savoir garder son sang-froid quand cela était nécessaire, même les Sages démoniaques.

Se téléportant juste à côté de Mickaël, elle passa son bras autour de ses épaules comme le feraient de bons amis et elle lui demanda en souriant mais en le regardant droit dans les yeux :

« Que s’est-il passé en mon absence mon petit Micka ? »

*Pourquoi on le demande alors qu’on le sait ?* demande Yu’.

*Pour te faire parler.* dit pour se moquer Kozo.

*Mais mais…* dit Yu’.

*Stop vous deux.* dirent de concert les aînées. *Observez et vous comprendrez.* rajouta simplement Suba-chan.

Yuri était embêtée par ce bavardage incessant dans sa tête, mais bon, elle devait vivre avec, et puis il faut dire qu’elle les aimait bien. Normal, c’était de elle dont il s’agissait, logique que Yuri Subara Yumuzai s’aime.

Regardant toujours Mickaël dans les yeux, elle fut quelque peu surprise qu’il la prenne dans ses bras. A vrai dire, elle ne s’y attendait pas vraiment, surtout qu’elle n’était pas vraiment friande des contacts physiques de ce genre-là. Des contacts pour réconforter, des contacts qui peuvent montrer les sentiments que tu ressens, des contacts qui te montrent toi sous ton vrai jour.

*Qu’est-ce qu’il se permet celui-là ! Nous prendre dans ses bras comme ça !* s’indigna Kozo, la voix quelque peu tremblante.

*C’est parce qu’il nous aime bien, il nous fait un câlin juste comme ça.* lui répondit tout bas Yu’.

Ayatsuri et Suba-chan ne disaient rien. Elles restaient stoïques dans son esprit. Yuri était elle-même très calme et ne montrait aucune émotion sur son visage. Alors que plus tôt ses yeux étaient empreints de sérieux et d’un peu de détermination. Là, ils semblaient sans vie, le véritable visage impassible d’un Sage.

Elle savait ce qu’il s’était passé, elle l’avait vu dans son esprit, mais l’entendre dire de sa bouche, tout haut, brisant le silence pesant qui s’était installé lorsqu’ils se fixaient dans les yeux, faisait mal. Son cher filleul, son petit Zero n’était plus… Il n’était plus ce qu’il était du moins. Elle savait que le Zero qu’elle avait chéri n’était plus, mais elle sentait toujours sa présence physique. Ses longues séances de méditation lui avaient permis de ressentir cette étrange sensation que tout n’était peut-être pas perdu. Mais elle se gardait bien de le dire. Pour garder contenance elle répondit :

« Je ne peux que vous féliciter toi et Kao. Tu sais de toute façon que je n’ai jamais aimé l’autre imbécile qui n’avait que le nom de père. »

Se détachant de lui et se tenant droite, regardant le ciel éclairé par la lueur fantomatique de la lune. Une légère brise soufflait, faisant bouger sa chevelure de feu. Elle ferma les yeux pour mieux ressentir la caresse du vent sur sa peau. Elle était perdue dans ses pensées…

*Pourquoi ne faisons-nous rien ?* demanda Kozo.

*Oui, c’est vrai qu’on pourrait aider !* dit vivement Yu’. *On a découvert pleins de nouvelles techniques chez les Elfes et à D-City, et puis c’est triste tout ça ! Quoique c’est bien pour Kaorii et Mickaël qu’ils soient ensemble, je suis contente qu’elle ait trouvé quelqu’un de mieux que ce bougre, ce débile, ce vulgaire ange de caca et et…* continua Yu’.

*Calme-toi Yu’. On sait bien que tu ne l’aimais pas non plus, nous ne l’aimions pas tout simplement. * lui intima Suba-chan.

*De toute façon, Yu’, nous n’aidons et n’aiderons personne ! A moins que l’on nous supplie ou que ce soit Kaorii qui le demande elle-même ! Il n’est pas question de changer quoique ce soit à la situation actuelle alors que l’on peut en tirer de nombreux profits ! * dit Ayatsuri.

Alors que Suba-chan allait répliquer quelque chose à Ayatsuri, Yuri fut coupée dans son monologue interne par une remarque de Mickaël qui la fit sourire.

« Si tu savais tout ce que ton petit corps enfantin pourrait faire pour me faire plaisir… » lui dit-elle en se retournant un sourire malicieux sur les lèvres.

Et aussi vive que l’éclair, Yuri le plaqua gentiment au sol faisant se dégager son aura rouge lugubre et le regardant de ses deux rubis. Elle le regardait très sadiquement, puis tout d’un coup, elle lui donna un bisou sur la joue et lui dit à l’oreille :

« Même si je sais que tu en meurs d’envie, tu sais bien que même si je ne l’avoue qu’à quelque personne, j’aime trop Kaorii pour lui faire de la peine. Et puis, cela te ferait plaisir, et je ne fais plaisir qu’à moi-même, tu sais bien. »

Et elle se releva pour s’asseoir à côte de son corps étendu sur l’herbe, et elle lui fit un clin d’œil suivit d’un sourire. Elle était contente de le retrouver malgré tout son petit Micka.

« Eh oui, mon petit Micka, les choses ont changé et vont encore changer, je peux te l’assurer. »